L’art de faire des tresses à son épouse : coutume du peuple Yis ?
L’art de faire des tresses à son épouse : coutume du peuple Yis ?

L’art de faire des tresses à son épouse : coutume du peuple Yis ?

La beauté et les cheveux : un thème central dans les magazines féminins

Voici un article récent d’un site chinois nommé Hao528.com, un magazine féminin parlant de beauté et de mode. Avoir de beaux cheveux et savoir se coiffer tient une place importante dans ce genre de magazine. Dans un sens général, les cheveux évoquent la force vitale, la fertilité et la fécondité de la nature : les cheveux poussent comme les cultures ou comme les arbres qui peuplent la forêt.

Coiffe Yi en Argent pur
Tresser les cheveux de son épouse : un art symbolique

L’art de faire des tresses à son épouse est éminemment culturel. Si le barbare est une notion construite par les Grecs autour de la sauvagerie, des cheveux longs, hirsutes et mal peignés, il existe également une vision de l’autre construite autour d’un thème que l’on pourrait qualifier de « l’exotisme », où les cheveux des femmes sont indissociables de la sensualité. Ils évoquent le charme et la séduction féminine, et le raffinement des coiffures, c’est le raffinement de ces cultures quant aux charmes et au rôle de la séduction et de la beauté.

Un regard Han sur les Yi

Le magazine féminin chinois/Han aborde le sujet sous un aspect bien autre : les Yi appartiennent de plein droit au monde chinois, leur différence n’est pas exotique mais au contraire rappelle des principes fondamentaux des Han eux-mêmes : les époux doivent tisser des liens et s’occuper les uns des autres, le sacré n’est jamais loin des actes les plus anodins, surtout lorsqu’il s’agit du corps. Les Han ont besoin des non-Han pour se retrouver eux-mêmes.

Folklore ou réalité ? Attention aux stéréotypes

Le thème des groupes ethniques ne se résume pas à de magnifiques photos de magnifiques jeunes filles portant de magnifiques costumes et bijoux… Leur nombre peut faire penser le contraire et les stéréotypes folklorisants abondent.

Le col en agrafe d’argent particulièrement élégant

Dès la première phrase, l’auteure Han reconnaît que si la Chine depuis l’Antiquité est une terre multiethnique, les Han méconnaissent le peuple Yi. Les Han auraient même des leçons à prendre auprès d’eux. Notamment pour faire sa déclaration amoureuse, où les Yi utilisent subtilement l’art du chant, tandis que les Han déclarent sans ambages leur flamme.

Les cheveux sacrés des hommes Yi

Mais qu’en est-il de l’art de faire des tresses à son épouse, tandis que cette dernière n’a pas le droit de vous toucher la tête ? L’explication du titre de l’article est donnée : la tête, les cheveux ou la natte d’un homme Yi sont reliés à une dimension cosmique/sacrée, manifestant le statut de la personne. Les hommes conserveraient également quelque chose de mystérieux, traduit comme leur « âme masculine », à cet endroit. Seuls les aînés et certaines personnes de statut élevé pourraient alors toucher ces endroits sacralisés, ce qui n’est pas le cas de leurs épouses.

La coiffe est un carré de tissus replié et maintenu par une fausse tresse
Le rôle de la coiffe et de la natte

On distingue alors trois phases : celle où le petit garçon conserve une touche de cheveux sur la tête, celle où l’homme marié arbore une natte caractéristique, et enfin, à la mort, cette dernière sera positionnée selon la coutume.

Les apports éventuels de nos lecteurs nous seront bien utiles pour rectifier toutes les erreurs et approximations du texte.

Il existe une photo relativement célèbre, publiée dans le livre Passagère du silence, où l’artiste Fabienne Verdier touche la natte d’un guerrier Yi. Elle légendera elle-même cette photo en insistant qu’elle ignorait le caractère sacrilège de l’acte et des conséquences qu’il aurait pu avoir.

Un rituel quotidien d’attachement

De nos jours, la journaliste affirme que cette coutume serait abandonnée par la plupart des hommes Yi. Je pose alors pour hypothèse que les Yi appartenant à la noblesse et les personnes vivant dans les coins les plus reculés seraient les derniers à la suivre. Il se pourrait également que les prêtres (les Bimo) le fassent également.

Quant à la question de l’art de nouer les tresses ? L’homme marié devrait toucher les cheveux de sa femme tous les jours, car lui faire des tresses, c’est « s’attacher » à elle, selon l’article.

Le livre d’Annie Reffet  » Les yis de Chine »

La rédactrice renvoie l’image du miroir vers sa société : « Contrairement à nous (Han), qui, pour dire que l’on aime, offrons de l’argent ou nous contentons de paroles ».
Dans un magazine féminin où la question de beauté concerne les femmes entre elles, le fait que les hommes puissent au quotidien être impliqués dans un rituel de beauté aussi signifiant que celui de la coiffure ouvre grand l’horizon du partage et de l’harmonie conjugale.

La rédactrice de l’article a peut-être inventé de toutes pièces cet aspect : elle n’a pas publié une seule photo où l’on voit un homme faire des tresses à sa femme.
La réalité de cette coutume est peut-être bien différente de celle décrite.
Toutes les personnes savent combien le temps et l’attention portés l’un à l’autre sont les biens les plus précieux.
J’attends en ce moment l’avis d’une personne Yi quant à cet article.

Conclusion : Entre fascination et critique

Dans la Chine ancienne, les Yi étaient considérés comme des barbares, et pire encore ! Ici, tout au contraire, certains aspects de leur culture sont mis en lumière pour donner des conseils de civilité à tous.

Ce qui était un repoussoir devient une attraction.
Nous n’avons aucune photo montrant un tressage des tresses illustrant véritablement l’article.
La journaliste ne s’est pas rendue sur le terrain… En ce sens, l’article est bien limité et l’on doit faire preuve d’esprit critique.
Nous devons attendre la réponse de nos amis Yi pour pouvoir nous prononcer…

Et 20 ans plus tard ?
20 ans après, que sont-ils devenus ?

Voici une photo datant d’il y a 20 ans montrant une enfant Yi dans la vie de tous les jours.

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