L’histoire ( trop ) exemplaire d’une vocation ? :
Histoire à suivre
Je suis une jeune femme Bouyei, originaire des montagnes du Guizhou. Depuis toute petite, j’ai été fascinée par la beauté des vêtements et des sacs traditionnels que nous portons dans notre communauté. C’est pourquoi j’ai appris très tôt, auprès de ma mère, les savoir-faire artisanaux tels que le tissage, la teinture et la broderie. Mon souhait a toujours été de préserver et de transmettre ces traditions.
Une culture en danger
Mais au fil du temps, avec le développement de l’économie et de la société, j’ai constaté que de moins en moins de personnes souhaitent apprendre ces techniques. Beaucoup de jeunes Bouyei, malheureusement, connaissent à peine leur propre culture. Cela m’inquiète profondément.
Je me demande souvent : comment faire pour que notre culture et notre artisanat traditionnels ne disparaissent pas ? Comment les faire vivre, et même les faire rayonner davantage dans le monde d’aujourd’hui ?
Une reconnaissance nationale
Le rapport du 20e Congrès national du Parti communiste chinois a souligné l’importance de renforcer la protection des reliques culturelles et du patrimoine immatériel, ainsi que celle de l’histoire et de la culture, notamment dans le développement des villes et des campagnes.
En 2014, les costumes traditionnels Bouyei ont été reconnus comme faisant partie du quatrième groupe d’éléments représentatifs du patrimoine culturel immatériel national. Cette reconnaissance m’a profondément touchée.
Le retour aux sources
Portée par mon attachement à la culture Bouyei, j’ai pris une décision importante en 2016 : retourner dans ma ville natale pour y créer une entreprise. C’est ainsi qu’est née la société Guizhou Buyi Yao Trading Co., Ltd. Le nom « Buyiyao », qui signifie « nous, les Bouyei » dans notre langue, symbolise mon engagement personnel.
Une mission : transmettre et valoriser
À travers cette entreprise, je souhaite contribuer activement à la transmission et à la valorisation de notre culture. Mon objectif est de faire rayonner le patrimoine Bouyei, en le rendant vivant, moderne et accessible, tout en restant fidèle à ses racines.
Une histoire trop exemplaire ou trop bien adaptée ?
La force du récit
Une histoire parfaitement adaptée à la nécessité économique du « storytelling ». Il est important d’avoir une histoire à raconter pour donner du sens à son action et , par conséquent, donne du sens à un achat éventuel. Ici, c’est une histoire parfaite.
Cette histoire peut parfaitement être véridique et il y aura toujours une autre manière de présenter la vérité, on ne dit pas exactement la même chose à ses amis, à ses parents ou à des partenaires commerciaux.
Un parcours de « héros »
Nous avons là un archétype du héros : fidèle à son rêve d’enfant … transforme le monde par la force de son travail … lien magique ou sacré avec le monde. Etre née petite fille Bouyi , avoir grandie dans un bain culturel et être capable de communiquer l’unique à la pluralité, c’est à la fois, comme le « logos » banal et magique.
Li Li nous explique les raisons qui l’on conduit à créer une entreprise. Une action logique dont l’ambition est de rester fidèle à ses racines et ouverte à la modernité. Nous allons retrouver cette volonté chez un très grand nombre d’artisans.
Le véritable artisanat est devenue rare, le créneau du luxe correspond à cette rareté.
A tel point que les matières les plus traditionnelles peuvent être remplacées par des matières plus haut de gamme. Le coton rêche remplacé par du cachemire chez Naze-naze s’éloingant alors de la tradition.
Une vitrine pour les cultures
L’artisanat ethnique est également une vitrine pour les personnes et leurs régions. Le luxe domaine de la perfection et du rêve permet de renvoyer la meilleure image de la Chine, de la Région et du Peuple. C’est une valorisation.
Cependant, le luxe utilisera plus facilement ses moyens pour sublimer que pour conserver le traditionnel. C’est parfois ce qu’il faut pour s’adapter au mieux au marché c’est parfois, au contraire une confiscation.
Lorsque seuls les plus riches peuvent s’offrir un accessoire utilisé jadis quotidiennement par les plus pauvres, cela pose un problème. Lorsque en plus, les artisans, héritiers de ces plus pauvres restent pauvres et ne pourrais s’offrir eux mêmes le simple vêtement de leurs parents, c’est qu’il y a une confiscation.
Bien sûr, un certain nombre d’artefact , comme un costume brodé Miao qui demande quatre ans de travail à une maman échappe à cette classification. De même , certains bijoux en matière très précieuse qui sont le trésor de la famille. Le commerce équitable n’est pas vocation à mettre des trésors patrimoniaux en vente.